Carol Sinisi
Classe de 2ème A bilingue
Nécessité de la tolérance
La tolérance commença à
devenir indispensable seulement pendant les guerres de religion
du XVIe siècle. Le moment d'intolérance majeure
coïncide avec la fracture de l'unité religieuse produite
par la Réforme; dans l'Europe occidentale étaient
présents plusieurs christianismes et chacun avait la prétention
exclusive de vérité e les moyens pour la répression
des formes de dissentiment.
La prémisse de l'édition de la Bible du savoyard
Sébastien Castellion sut bien exprimer ce climat d'incertitude
puisqu'il ne plia pas la Bible aux exigences d'une Eglise, mais
fit des considérations sur la dureté des temps et
sur l'impossibilité de distinguer les bons des méchants.
Castellion fit ces observations dans un moment particulièrement
sombre de la lutte envers le dissentiment religieux. Un événement
particulier développa autour de lui une polémique
importante : l'exécution capitale de Michel Servet voulue
par Calvin à Genève. L'objet de la discussion était
l'utilisation de la force dans la foi. Les adversaires de l'inquisition
étaient surtout des hommes avec une éducation humaniste
et érasmienne. Le grand humaniste hollandais Erasme proposa
plusieurs fois, comme solution du conflit religieux, une réduction
de la théologie à l'essentiel pour ne plus créer
d' interprétations divergentes.
Castellion accepta la perspective érasmienne d'une théologie
" essentielle " et, indigné parce que Servet
avait été condamné seulement pour ses convictions
religieuses et non pas pour les avoir divulguées, fit une
analyse critique du concept d' " hérésie "
et il conclut que " est considéré hérétique
quiconque est en désaccord avec nous ". Sa réflexion,
même si elle a été jugée dangereuse
par toutes les confessions chrétiennes du temps, fit émerger
deux concepts clés de chaque théorie successive
sur la tolérance : la liberté de conscience et la
conception de la vérité comme but à rejoindre
par différents parcours.
Ce sujet sera repris par Montaigne dans les " Essais "
et développé dans une perspective d'utilitarisme
politique : la tolérance peut être utilisée
par le souverain pour réunifier un pays détruit
par la guerre civile.
Une invitation à la concorde : Erasme
de Rotterdam
La fracture de la chrétienté
peut se dire substantiellement accomplie avec la promulgation
de la bulle papale " Exsurge Domine " contre Luther
pour l' excommunier et avec l'acte de révolte de celui-ci
en la déchirant et en la brûlant sur la place de
Wittenberg.
Malgré ce climat, les tentatives de réconciliation
furent nombreuses. En 1533 Erasme rédige le " De
amabili ecclesiae concordia ", où il confirme sa volonté
d'éviter la fracture de l'Eglise et son invitation à
affronter les problèmes avec le dialogue et non pas avec
les armes et les excommunications.
Dans ce pamphlet, Erasme dit que la " philosophia christi
" doit être un guide pour l'action du croyant et non
pas objet de dispute; elle doit exhorter le fidèle à
l'émulation quotidienne du Christ et à la pratique
de la charité. Une foi conçue de cette manière
rend vaines les polémiques doctrinales et les condamnations
et promeut la réconciliation.
Le " De amabili ecclesiae " en outre intervient dans
de nombreux problèmes doctrinaux sujets à controverse
de la part des catholiques et des réformés, par
exemple celui du libre arbitre, pour démontrer que l'unité
doctrinale peut être rejointe seulement en abandonnant les
prétentions de vérité de chaque partie.
Les points essentiels du christianisme qu' Erasme observe sont
:
· L'homme avec ses forces ne peut rien et si en quelque
chose il a quelque pouvoir il doit remercier Dieu afin que nous
reconnaissions notre faiblesse.
· Nous devons reconnaître la valeur de la foi, mais
on doit admettre qu'elle est un don du Saint Esprit et que tout
le monde ne l'a pas
· Nous acceptons que les curs des croyants soient
purifiés grâce à la foi, mais nous reconnaissons
que pour obtenir le salut sont nécessaires les actions
de charité. Ce n'est pas correct de dire " nos actions
ne comptent pour rien ; aie seulement la foi et tu sera sauvé
" et même pas de dire " Christ a payé pour
nos péchés " car il n'est pas mort pour nous
faire vivre dans le péché, mais plutôt pour
nous faire abstenir des contaminations pour ne pas tacher la pureté
qu'il nous a donnée avec son sang.
Carol Sinisi
2ème bil. 2006-2007