Henri Basnage de Beauval (La tolérance
des religions, 1684) affirme que les hérésies sont
utiles parce qu'elles "sont comme des aiguillons qui aiguisent
la diligence des pasteurs": elles pressent les protestants
et les catholiques à la vertu. En introduisant le doute,
elles engendrent aussi des débats qui mènent à
la recherche de la vérité; selon Basnage de Beauval,
en effet, elle n'est pas évidente mais obscure, parce que
"Dieu n'a pas voulu se montrer aux hommes à découvert
et sans voile" afin de les tenir "tremblants et humiliés
en sa présence et dépendants de sa lumière
et de son secours".
Pour Basnage, en outre, la variété des croyances
ne doit pas être considérée comme un crime
puisque la volonté des hommes n'est pas libre de choisir,
mais soumise à la raison, qui, à son tour, peut
être influencée seulement par Dieu ou par l'histoire
humaine, c'est-à-dire la foi des pères et l'éducation
reçue: alors on ne peut pas imposer une religion par la
force, et la vérité est relative, vu qu'elle est
liée à l'éducation qu'on reçoit.
Enfin, Basnage critique aussi le clergé de son époque,
sous deux points de vue : moral et politique. Il dénonce
le fait que le clergé se dispense de pratiquer pour lui-même
la vertu qu'il prône, ne respectant pas même la morale
naturelle (celle que leur raison ou leur conscience commande)
; de plus, l'Eglise dresse le peuple contre les souverains si
ceux-ci sont hérétiques, ou se sert du souverain
contre le peuple en se rendant maître des affaires temporelles
des particuliers. Bref, l'Eglise est un pouvoir temporel qui favorise
l'ignorance et la superstition du peuple afin que ce dernier lui
obéisse.
Giulia Teggi
2ème bil. 2006-07